Se serrer la main pour se saluer, une accolade familière dans la famille, une main affectueuse sur l'épaule : les contacts amicaux créent un lien et font du bien au corps et à l'âme. Il semblerait même que les personnes qui sont fréquemment touchées souffrent moins de maladies cardiovasculaires et sont en meilleure santé. Quartierplus a demandé à Bernadette Schnider, thérapeute shiatsu bernoise, ce qu'il en était des attouchements.
Bernadette, tu m'as parlé d'une cliente pour laquelle tu as été la toute première personne à qui elle a serré la main après deux ans de Corona.
Bernadette Schnider (BS) : A cette époque, beaucoup de personnes âgées étaient très isolées, on voulait les protéger du virus. Les contacts de la vie quotidienne, comme une poignée de main, le toucher de la tête chez le coiffeur ou une main qui soutient dans les escaliers, ont soudain disparu. La cliente à laquelle tu fais allusion était une femme très âgée qui souffrait et qui est venue me voir pour un traitement de shiatsu. Au début, elle était hésitante et peu sûre d'elle, se contentant de s'allonger et de faire confiance à mon travail minutieux. Mais elle s'est rapidement détendue et a apprécié le toucher. Pour moi aussi, en tant que thérapeute, ce fut un moment très touchant, au sens propre du terme, mais j'ai également pris conscience de la responsabilité qui m'incombe en tant que thérapeute corporel dans de tels moments.
Les nourrissons qui ne sont pas touchés tombent malades ou meurent. Avons-nous besoin d'être touchés toute notre vie pour rester en bonne santé ?
Les êtres humains sont des êtres sociaux qui ont besoin de contacts. Nous voulons être vus, nous voulons échanger et entrer en contact avec les autres. Outre l'échange verbal, le toucher fait partie de ce contact et de cette manière d'être vu. Chez un nourrisson, c'est encore une autre dimension, car il s'agit avant tout de protection et, en fin de compte, de survie. Un nourrisson ne fait que construire l'expérience du toucher. On sait aujourd'hui, et des études l'ont prouvé, que le toucher contribue largement au bien-être. Il existe différentes orientations des thérapies corporelles qui tirent profit de cet effet.
Le toucher dit "professionnel" des thérapeutes ou même du personnel soignant peut-il remplacer le toucher familier, par exemple après le décès du partenaire ?
Rien ne peut remplacer une personne chère à son cœur. Le toucher peut toutefois apporter du réconfort et j'invite à avoir le courage d'essayer de nouvelles formes de toucher dans le cadre d'une thérapie. L'offre de thérapies corporelles est vaste et il vaut la peine de s'informer et d'essayer simplement pour voir ce qui plaît et ce qui convient. Le shiatsu, par exemple, est pratiqué par-dessus les vêtements, ce qui, pour de nombreuses personnes, réduit un peu l'obstacle. D'autres, en revanche, apprécient un massage directement sur la peau. C'est justement après la perte d'un partenaire que le toucher thérapeutique peut être un soutien important dans le travail de deuil.
Le toucher, en particulier les massages, est souvent associé à l'érotisme. À quoi fais-tu attention dans un cadre thérapeutique ?
Il est important de commencer par s'enquérir de la demande du client ou de la cliente. Il se peut tout à fait que le client ait besoin d'érotisme, et c'est très bien, mais je ne suis pas la bonne personne pour cela. Et je le dirais clairement. J'attache une grande importance à bien cerner les besoins de mes clients et clientes. Ainsi, au début de la séance, je demande toujours s'il y a des parties du corps qui - aujourd'hui - ne devraient pas être touchées et, même pendant la thérapie, je demande comment les contacts sont ressentis. L'intention de la personne qui touche est perceptible pour la personne concernée. En tant que thérapeute ou même en tant que soignant, il est important de faire très attention à savoir si la personne touchée souhaite entrer en contact.
Pourtant, toutes les personnes n'aiment pas être touchées ou vivent seules et n'ont personne pour leur offrir un contact physique bienfaisant.
Lorsque nous sommes touchés d'une manière douce et agréable, notre corps sécrète de l'ocytocine, l'hormone de l'attachement. Et comme tu le dis justement, c'est extrêmement individuel, tout le monde n'aime pas la même chose et cela dépend aussi de la biographie. Notre corps enregistre de nombreux contacts. Par exemple, si quelqu'un a vécu une mauvaise expérience, cela peut rester en mémoire dans son corps. Les contacts à cet endroit sont alors ressentis comme désagréables, voire insupportables, parce que le corps rappelle à chaque fois ce souvenir. J'ai travaillé avec une cliente qui avait vécu des choses terribles et qui se sentait comme dans une carapace dans son corps. A l'étroit, prisonnière, mais en même temps protégée. Au début de la thérapie, elle avait peur de laisser tomber la carapace, elle avait peur de ses sentiments. Mais le cadre protégé de la thérapie lui a donné de l'assurance, elle s'est sentie portée et en sécurité et a pu lâcher prise de plus en plus. De cette manière, une thérapie corporelle peut bien soutenir un processus psychique.
Les enfants et le toucher. Comment se comporter avec respect?
Comme ce blog est lu par des personnes qui sont peut-être des parents, des tantes, des oncles ou des grands-parents, il y a un point qui me tient particulièrement à cœur : il est extrêmement important que les enfants puissent refuser un contact qu'ils jugent inapproprié. Aucun enfant ne doit donner des bisous à sa tante ou à son grand-père s'il ne le souhaite pas. Il est important que les enfants puissent apprendre que leurs limites sont respectées.
Cela touche et fait du bien :
- Entretenir des relations et des amitiés : danser, jouer, chanter, discuter et entrer en contact les uns avec les autres.
- Caresser doucement le pelage d'un animal : l'ocytocine, l'hormone de l'attachement, est d'ailleurs également sécrétée par l'animal caressé lorsqu'il apprécie le contact.
- Un massage ou une visite dans un centre de bien-être : la qualité du contact est alors déterminante et il est important de faire part de ses besoins de manière autodéterminée.
- Toucher l'âme : Les films, un parfum, un concert, un livre peuvent aussi nous toucher l'âme et nous apporter du réconfort.
- Quand les mots manquent : Le toucher peut aider à renouer le contact.
Que sont les thérapies corporelles ?
Le terme de thérapie corporelle englobe différentes méthodes thérapeutiques telles que l'ostéopathie, la thérapie cranio-sacrale, la méthode Feldenkrais, les thérapies respiratoires, l'acupuncture et différentes formes de massage. Dans toutes les thérapies, on essaie de rétablir l'équilibre psychique et physique en travaillant avec le corps.
La thérapie shiatsu est originaire du Japon et signifie littéralement "pression des doigts". Le shiatsu est une forme de toucher attentif et de travail corporel énergétique. Une pression douce ou forte des doigts le long des méridiens permet de dénouer les blocages et les tensions. Le shiatsu est une forme de médecine complémentaire reconnue en Suisse et peut être pratiqué à tout âge et dans différentes situations de vie.
L'hormone ocytocine
Lors d'une étreinte intime ou d'un massage bienfaisant, notre corps libère l'hormone ocytocine. L'ocytocine est donc également appelée l'hormone des câlins ou de l'attachement. L'effet le plus connu de l'ocytocine est lié aux mères lors de l'accouchement : elle provoque les contractions, la montée de lait, mais aussi le lien entre la mère et l'enfant. Pour simplifier, on peut dire que l'ocytocine permet également, au niveau physiologique, de réduire le cortisol, l'hormone du stress.
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